Maintenant il est communément admis dans le monde entier que le Tourisme est le secteur de l’économie le plus affecté, voire le plus meurtri, par cette pandémie de Covid-19, tant l’arrêt de cette activité a été brutal et total. Les conséquences en seront plus longues, plus dures, et plus graves économiquement, socialement et peut-être même politiquement. En Tunisie et dans plusieurs autres pays du monde, le tourisme constitue une force d’attraction qui draine bien d’autres secteurs créateurs d’emplois tels que le Bâtiment, l’agriculture, le transport et une majorité d’autres métiers. En Tunisie, le Tourisme, avec toutes ses composantes : agences de voyages, transports, artisanat etc.., est le plus grand employeur du pays et contribue largement à la lutte contre la pauvreté. Au-delà de son rôle économique, le tourisme véhicule un message culturel en contribuant tant soit peu au rapprochement entre les peuples.
Cependant, il faut se rendre à l’évidence que le rôle du tourisme dans la croissance économique et la réduction de la pauvreté dépend énormément de sa capacité à créer des emplois et à procurer au pays les devises nécessaires pour la couverture du déficit commercial. Il faut également se mettre à l’évidence que concernant le Tourisme, la fin de la crise n’est pas pour demain : un chantier de Bâtiment, un atelier de textile, un supermarché, ou des usines industrielles peuvent dès la fin de la crise retourner au travail. Ce qui ne sera pas le cas pour le tourisme. La crise provoquée par le Covid-19 sera beaucoup plus longue pour des raisons diverses :
1-Les touristes potentiels n’oublieront pas de si peu la peur qui les a envahis pendant cette pandémie.
2- Un arrière-goût amer du tourisme et des voyages persistera pendant très longtemps dans le subconscient des gens tant la crise fut multidimensionnelle.
3- Dores et déjà, quelques voix de responsables Européens se sont élevées pour ‘’confiner’’ une autre fois leurs concitoyens en leur conseillant de ne pas voyager et de passer leurs vacances dans leurs propres pays. Sont-ils conscients que ni la France par exemple, ni l’Espagne, ni les professionnels du tourisme de ces pays ne peuvent se suffire uniquement de leurs marchés locaux
En Tunisie, indépendamment de tout cela, le Gouvernement, au tout début de la crise, a courageusement fait face aux défis immédiats à la santé des citoyens : préserver la vie des gens et les maintenir en bonne santé, en appliquant toutes les mesures de verrouillage et de confinement total et en favorisant les mesures sociales aux plus pauvres. Jusque-là l’effort du Gouvernement est probant et très louable.
Cependant, il faudrait, sur la même lancée, s’occuper de la préparation de la relance afin d’anéantir les graves effets de la crise sur l’économie et l’emploi. Le Gouvernement, les structures de l’Economie, des Finances, du transport aérien, de l’environnement, de la Culture, du Tourisme et de l’artisanat, doivent préparer la relance : Consultations régionales auprès des professionnels de tous les métiers du Tourisme suivies d’une consultation nationale.
Les recommandations issues de ces consultations serviront à établir un plan d’actions concerté et cohérent, qui arrêtera les mesures à prendre pour préparer et faire activer la reprise, ainsi qu’un plan basé sur une démarche scientifique pour une campagne promotionnelle sans précédent.
Outre les problèmes conjoncturels inhérents à la crise du Covid-19, Il faudrait également revoir les composantes de notre produit touristique, en favorisant la diversité, la durabilité, la rentabilité et l’innovation. Nous devons revoir la diversité de notre produit touristique, la réhabilitation de notre Sahara, de nos iles, de notre héritage culturel et archéologique de notre faune et Flore, de nos ports de plaisance et de nos plage , de nos aéroports, de nos terrains de Golfe, de revoir et reprendre le programme de mise à niveau des hôtels, et d’introduire le tourisme le Tourisme résidentiel qui nous garantie une population permanente de touristes. Bref, nous devons transformer cette terrible crise sanitaire en une opportunité pour l’économie du pays.Bien entendu, le monde après le Covid-19 serait un autre monde. Et nous devons donc nous adapter aux nouvelles exigences des touristes du vingt deuxième siècle. Ce n’est que de la sorte et en ayant confiance dans l’avenir du Tourisme que nous pourrions rebondir : voyager n’est plus un luxe réservé aux riches et à l’élite, le tourisme s’est démocratisé et aujourd’hui, il fait même partie des droits de l’homme. C’est pourquoi, le tourisme rebondira.
TIJANI HADDAD
Président de la Fijet, ancien ministre de tourisme Tijani Haddad
Journal électronique : Tunisie-Direct le 14/12/2021